92

Vingt heures encore, dans le train 92, pour passer de Iekaterinbourg à Novossibirsk.

Cette fois c’est un compartiment de quatre dans un vieux train fatigué.

Les murs sont d’un acajou brillant, les couchettes sont légèrement plus longues qu’en troisième, c’est très années 50, et un peu chic quoi que passé.

On s’installe comme on peut, poussant les sacs dans les recoins prévus pour ça, sous les couchettes basses, dans la niche haute où sont aussi de grises, épaisses, couvertures.

Tout craque partout : les parois couinent, le plafond grince, dans le couloir une porte claque, et ce bruit clair, c’est une cuillère dans une tasse.

Nous avançons dans ce grand vide qu’est la Russie. Dehors, je ne sais pas ce qu’il y a, tout le monde dort, le store brun est fermé.

Notre compagne de voyage, une dame d’une quarantaine d’années, vient de sortir. Le soleil s’est jeté par la porte coulissante comme elle l’entrouvrait, et puis plus rien.

Nous sommes dans un train vieux, mais digne.

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