Des morts en friche

En haut de cette ville triste à en mourir, il y a ce monument aux morts des guerres récentes du pays consistant en une unique statue, un soldat aux traits tellement jeunes qu’on en reste pantois.

Devant, sur le marbre rose saumon, des œillets rouges que le soleil réduit doucement en une poussière, et puis un gobelet sur lequel repose une tranche de pain noir. Dans le gobelet, certainement, ce liquide clair est une vodka.

Légèrement après, un cimetière avec cette surprise encore, d’un lieu totalement mangé d’herbes folles entre lesquelles on devine juste quelques sentiers, les plaques des tombes qui émergent, les familles des défunts qui se recueillent.

Pour nous habitués aux cimetières nets comme jamais, c’est un mystère, du sens de cet abandon de nature.

En attendant que je comprenne, une vieille dame rousse très mince, très haute sur ses talons, et d’un chapeau de paille coiffée, passe plusieurs fois chargée d’une eau qu’elle tire je ne sais où. Des gens entrent et puis sortent de l’église.

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2 Comments

  1. LARIONOFF Serge
    30 juillet 2019

    une grande leçon .. sans le moindre bla-bla . Bouleversant !

    • dbourrion
      30 juillet 2019

      Merci

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