Une nostalgie Baïkal

Pas le village porte d’entrée vers le lac, somme toute assez moche ;

Pas le fatras de maisons dont on ne sait si elles sont à l’abandon ou juste ainsi by design ;

Pas les rapides canots à moteur sur lesquels des groupes de 4 personnes s’embarquent pour un rapide tour à fond les gaz, le pilote prenant soin de secouer le plus possible ses passagers sur les vaguelettes que ce cirque déclenche à vingt mètres de la plage ;

Pas les sonos tonitruantes vendant on ne sait quelle croisière sur le lac à bord de bateaux disons… fatigués (l’un des camelots avait une belle voix quand même) ;

Pas les ‘conseillers’ en excursions privées qui ne lèvent même pas la tête de leur téléphone (il est vrai que nous ne parlons pas russe alors pourquoi faire un effort) ;

Pas la presse des voitures sur la route finissant en impasse mais que tout le monde emprunte en connaissance de cause histoire de ne surtout pas marcher ;

Pas le décalage entre ce que déclenche le mot ‘Baïkal’ dans nos têtes, de rêves, et la réalité toujours un peu décevante ;

Pas notre humanité dans son côté agaçant.

Non, ce que je garde d’ici, ce sont :

Les familles d’origine manifestement modeste venues là pour la journée et mangeant sur la minuscule plage de galets de ces poissons fumés qu’on peut acheter partout et qu’ils font passer de vodka – on a passé une bonne journée se disent-ils sans doute en se rentrant et c’est bien vrai ;

Ce moment où le soir hier, soleil couchant, dans un calme revenu, l’eau (elle est si pure, si transparente) et le ciel et tout ce qu’on voyait se sont mélangés dans un gris calme lumineux, doux, chatoyant – le silence du lac indifférent à nous, humains.

La photo, c’est l’un de ces appareillages permettant aux locaux de fumer les poissons qu’ils vendent ensuite devant leur porte. On a goûté, c’était bien bon.

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