Alors c’est quitter la Russie, dans un train depuis Ulan-Ude empli de touristes (la moitié du wagon, c’était des français) et s’arrêter une heure avant la frontière pour les opérations de sortie du territoire.
On nous sert le grand jeu : collecte des passeports, confinement dans le compartiment, toilettes fermées à clef, chien renifleur, fouilles des sacs et du compartiment, le tout sans un sourire.
Heureusement, le petit pas de deux qu’on fera à un moment, l’un s’asseyant sur la banquette que l’autre s’apprête à lever sur l’ordre d’une dame avec tellement d’étoiles sur ses épaulettes que c’est la Voie Lactée, fera éclater de rire ladite dame, c’est déjà ça.
Au bout de deux bonnes heures pendant lesquelles on regarde un magnifique cheval broutant dans l’enceinte de la gare, les passeports nous sont rendus avec un geste soulignant le visa de sortie qui nous est accordé (tu parles d’une nouvelle).
Moment étrange dans tout ça : alors que personne ne bouge, ne peut monter ou descendre, une vieille rombière à look de mère maquerelle va passer nous proposer des devises, et dans son sac qu’elle entrouvre pour expliquer le truc, il y a des liasses épaisses comme ça.
Nous voilà reparti. Quelques minutes plus tard, même cirque pour entrer en Mongolie, avec en supplément complétion de deux feuillets demandant les mêmes renseignements que pour la demande de visa – l’Internationale des administrations absurdes est partout la même.
Différence notoire, ça sourit beaucoup plus sous les képis et l’officier qui nous rendra les passeports tamponnés de l’accord d’entrée se fendra d’un Welcome in Mongolia de toutes ses dents.
Cette fois on peut partir. Le tout, ce passage des deux frontières, ça aura pris quatre heures et quinze minutes. Seulement ça.
Quand on commence enfin à s’endormir, je vois deux trucs encore, dans un demi-sommeil.
Le premier, c’est un militaire au képi de 30 centimètres de haut qui repasse dans le couloir, ouvre la porte de chaque compartiment, regarde un feuillet qu’il compulse, hoche la tête avec application et passe au suivant.
Le second, c’est alors que la lumière est éteinte, la porte s’entrouvrant à peine, et une main de passer tenant un appareil électronique clignotant de partout. Ce n’est pas un thermomètre, c’est autre chose, je ne sais pas vraiment, et quand les diodes cessent leur sarabande, la main se retire lentement, on dirait qu’elle flotte toute seule dans l’obscur.
En tous les cas, nous y voilà, nous sommes en Mongolie.
La photo, c’est le compartiment.
Top le trip ! Merci pour toutes ces anecdotes qui jalonnent votre parcours. Ca me fait tantôt rêver d’aventures, tantôt relativiser sur les difficultés du quotidien. Bonne continuation.
Le truc qui m’a fait vraiment halluciner, c’est le mode de vie des nomades. Quand on voit qu’on crise lors d’une coupure électrique de 2 heures…